Milton Humason, tu connais ?
J’adore découvrir des personnages aux vies inspirantes. Pas toi ?
Parce que rester 24/24 sur le webmarketing, le SEO
et les derniers hacks pour propulser ton web… Ça va quoi.
Un moment, faut savoir souffler.
Alors, comme moi, ouuuuuuf. Va-y, inspire à fond
et laisse-moi te raconter ma belle histoire du jour.
S’inspirer d’une vie remarquable
J’évoquais à l’instant celles et ceux
qui nous permettaient de rêver.
Il est notable, en prenant connaissance
de certaines aventures, qu’on puisse se projeter.
Car, à l’image de Stan Leloup qui le dit si bien dans son livre,
nous avons un besoin d’estime. Comme toi.
Aux yeux de ta famille, de tes amis, de ton conjoint…
Quand je sors de mon univers digital
je parcours le web
à la recherche d’un livre ou d’une vidéo.
Qui puisse me faire rêver, me porter au-delà des espaces
que j’ai l’habitude de côtoyer.
Ma passion, c’est justement l’espace, l’univers,
l’astrophysique et l’exploration.
Tu en as certainement d’autres ou peut-être, qui sait…
Les mêmes.
Quoiqu’il en soit
je vais te conter la vie d’un personnage inspirant.
Lui, son truc, c’était… Les mules.
Le plus grand télescope du monde
Permets-moi de te placer d’abord le contexte.
Nous sommes dans les années 1910, en Californie.
À cette époque, on décide de construire
le plus grand télescope du monde.
Il s’élèvera sur l’un des monts les plus hauts de l’État de l’ouest.
Tu n’ignores pas qu’il y a plus d’un siècle,
le transport motorisé en était à ses balbutiements.
On se servait certes d’un engin pour les plus gros éléments,
mais pas plus.
Et pour manoeuvrer sur les chemins sinueux
et dangereux de la montagne, on exploitait la force des mules.
Le petit Milton, 15 ans
ou à peu près, avait entendu parler de ce vaste chantier.
Ça faisait grand bruit, parce que l’édifice
d’un tel projet était loin d’être courant.
La petite bourgade d’à côté profitait de cette manne
pour faire fructifier son chiffre d’affaire.
Les ouvriers, les scientifiques, ainsi que tout le personnel
nécessaire étaient venus accompagnés de leurs famille,
car il s’agissait d’un évènement de grande ampleur.
Milton, notre héros
avait annoncé à ses parents
qu’il voulait arrêter l’école.
Parce que lui sa passion, c’était les mules…
Alors, dans un élan de générosité
ses parents acceptèrent à la condition qu’il fasse un essai.
Et qu’il revienne continuer sa scolarité
si son expérience se soldait avec un échec.
Sympa les parents, hein.
T’imagines pas les tiens te dire à cet âge oui oui mon loulou,
vas-y quitte l’école…
Va travailler avec les mules. Autre époque…
C’est ainsi que Milton se voit propulser sur les hauteurs
du Mont Wilson.
Il va devoir s’atteler à la tâche.
Son emploi : conducteur de mules
Ou muleskinner en anglais.
Il fait du très bon travail et se fait peu à peu remarquer
pour la rigueur et la justesse de ses missions.
Je vous laisse imaginer la complexité de l’affaire,
puisqu’il faut guider les mules à travers les pistes en toute sécurité.
Au bout de quelques temps, on confie au jeune adolescent
d’autres activités à mener. Notamment celles de gérer
l’intendance à l’hôtel, dans lequel se trouve tout le personnel,
chargé d’acheminer les pièces du télescope et
d’en monter l’ensemble.
Lorsqu’au bout de plusieurs mois
l’ouvrage est enfin achevé, le jeune Milton
satisfait de son expérience, prolonge son emploi.
Il va même tomber amoureux d’une jeune fille présent.
Plus tard, il demandera la main
auprès du père de son idylle. Lequel lui rétorquera
que jamais il ne laissera le fruit de sa chair
se mettre en couple avec un jeune homme tel que lui.
Un conducteur de mule… Non fiston, trouve-toi une situation
plus sérieuse, plus confortable et là on pourra discuter.
Milton dépité mais courageux
continua sa besogne auprès de ses mules,
tout en menant diverses tâches à l’hôtel.
En fait, il était devenu l’homme à tout faire.
Le télescope fonctionnait à merveille et tout allait pour le mieux
dans le meilleur des mondes possibles (comme disait Pangloss
de Voltaire).
Milton photographie le ciel
Un jour, un astronome interpella le jeune homme
pour lui demander service. Vous l’ignorez peut-être…
Un astronome est rarement le nez pointé sur l’objectif de son
télescope.
Ce qui l’intéresse, ce sont les prises de vues.
Or, vous constaterez que pour mener correctement
des recherches en astronomie, vous avez besoin
d’un très grand nombre de clichés afin d’étudier
les objets célestes.
Ce travail demande un grande concentration et de l’énergie
De plus, il faut travailler de nuit. Dans la mesure
où Milton était disponible et qu’il était plutôt
quelqu’un de débrouillard, l’astronome le mit
à l’essai pour cette tâche.
Le jeune garçon comprit très vite les instructions
et la prise en main se passa dans les meilleures conditions.
Jour après jour, semaine après semaine, mois après mois,
l’astronome se montra satisfait du travail
qu’avait accompli son apprenti.
Il faut savoir que pour un scientifique chargé de scruter l’espace,
un tel assistant s’avère essentiel.
Milton avait apprit à photographier les corps célestes
selon les normes qu’on lui avait apprises.
Ses nouvelles fonctions l’amenèrent également
à se servir du télescope pour en orienter la direction
et ajuster l’inclinaison.
Du fait que l’appareil reposait sur du mercure,
il fallait connaître les subtilités que cela pouvait entrainer.
Et chaque nouvel astronome devant remplir une mission
au Mont Wilson devait compter sur Milton
pour diriger et positionner le télescope.
Au fil des années, le garçon qui n’en était plus un,
prenait de l’assurance et des responsabilités.
Il était devenu l’assistant complet des astronomes.
Plus que cela. Il en était devenu le compagnon…
Le collègue.
Ce que l’un des membres avait justement fini par noter.
Il en informa les autres. Ce qui en laissa quelques uns
encore dans le doute.
Milton astronome
Mais finalement
au bout d’un certain temps, tous sans exception durent
se rendre à l’évidence. Milton était devenu astronome.
À part entière.
Tous ses anciens supérieurs hiérarchiques
lui annoncèrent que désormais, il faisait partie
du corps de métier.
Ça laisse rêveur hein… Quel parcours.
Il faut vous dire que Milton finit par épouser la jeune fille
dont il s’était épris.
Sa situation l’avait conduit à mener une vie familiale.
Une épouse, des enfants, un foyer, un métier… Et quel métier !
Hubble, Einstein
Un très grand astronome
Edwin Hubble qui découvrit
l’expansion de l’univers, allait travailler en équipe avec Milton.
Et vous n’êtes pas sans savoir qu’au début du siècle
un homme allait transformer notre regard sur l’univers entier.
Il s’appelait Albert Einstein
Ses travaux concernaient également l’étude des corps célestes,
de l’observation de la lumière, des étoiles, du temps
et de la gravité. Il reçut d’ailleurs le prix Nobel
pour l’ensemble de ses découvertes sur la lumière.
Il se rendit au Mont Wilson avec d’autres scientifiques
pour y réaliser diverses observations et rencontres.
Une photo souvenir fut prise pour marquer l’évènement.
On y aperçoit notre protagoniste, tout à gauche, en homme mûre
à côté de Hubble, et plus loin Einstein.

Entretemps
Milton avait reçu un diplôme de docteur honoris causa
pour l’ensemble de sa carrière.
Épilogue
Au début de sa retraite
dans les années soixante,
son fils lui proposa un télescope comme cadeau.
Milton le regarda et lui annonça gentiment, mais sûrement…
Non Bill, t’es adorable, mais j’ai regardé
toute ma vie à travers une lentille.
Maintenant ma passion, c’est les truites, les saumons et la pêche.
On peut le comprendre.
Il s’autorisait néanmoins un déplacement ponctuel
au centre astronomique, pour donner un coup de main
ici ou là et conseiller les nouveaux arrivants.
Mais il se retira progressivement.
Sa vie nous offre une leçon
Ne renoncez jamais à franchir les obstacles qui se dressent devant vous.
Milton La Salle Humason est allé rejoindre
d’autres cieux le 18 juin 1972 en Californie.
Pour l’anecdote, nous savons maintenant qu’une partie des travaux que
l’astronome Hubble réalisa fut en en réalité mené
conjointement avec Milton.
Enfin, on donna à un des cratères de la lune le nom de Humason en son honneur.
Ps : J’ai repris cette histoire en la réécrivant,
et en m’inspirant de la présentation
réalisée par Richard Taillet,
physicien à l’université de Savoie Mont-Blanc.
The Muleskinner and the stars
Je l’en remercie.
Crédits photo – IDA